John Bai, chef des placements de Placements NEI, nous fait part de ses réflexions sur le premier semestre de 2025 et de ce qui nous attend pour le reste de l’année.
L’incertitude semble être le mot qui caractérise le mieux cette année. Ce mot revient sans cesse dès qu’on parle des marchés des placements, et il inquiète autant les investisseurs que leurs conseillers financiers. Toutefois, selon John Bai, chef des placements et vice-président principal de Placements NEI, l’incertitude peut être source d’occasions si l’on sait où regarder.
« Le premier semestre de 2025 a été tout sauf prévisible pour les conseillers financiers au Canada. Qu’il s’agisse de bouleversements politiques ou de fluctuations économiques, les conseillers ont dû revoir leurs stratégies, rassurer leurs clients et faire preuve de souplesse face à la volatilité, affirme M. Bai. Pourtant, au milieu de tout ce tumulte, beaucoup ont su saisir des occasions, non seulement dans les marchés, mais aussi en s’appuyant sur la solidité de leurs relations avec leurs clients et la clarté de leur vision à long terme. »
Il ajoute toutefois que le contexte a été stressant, car les attentes élevées du début de l’année se sont heurtées à une réalité bien plus difficile.
Le conte de deux trimestres : des turbulences liées aux tarifs à la reprise des marchés
Au cours de la première moitié de 2025, les investisseurs ont dû composer avec un contexte en rapide évolution, marqué par l’incertitude macroéconomique et les événements géopolitiques. Les marchés boursiers ont commencé l’année sous pression, car les préoccupations entourant les droits de douane ont miné la confiance des investisseurs, déclenchant les baisses généralisées au premier trimestre.
Toutefois, la confiance a fait volte-face au deuxième trimestre, après que l’administration américaine a annoncé, le 9 avril, une pause de 90 jours dans l’imposition des tarifs. Ce jour-là, l’indice S&P 500 a bondi de 9,5 % et enregistré son meilleur rendement en une seule journée depuis 2008.
Selon M. Bai, le redressement spectaculaire des actions entre le premier et le deuxième trimestre nous rappelle à quel point les marchés peuvent rebondir rapidement, souvent en raison d’une seule manchette. La remontée du 9 avril peut servir de leçon aux investisseurs, car ceux qui se sont retirés pendant le repli du premier trimestre ont passé à côté d’une partie importante des gains de l’année.
Les signaux divergents du marché appellent à la prudence
Les marchés boursiers ont récupéré une grande partie de leurs pertes subies en début d’année, mais le marché obligataire a continué de faire face à des vents contraires. Cet écart est principalement attribuable aux attentes différentes des investisseurs et à leurs réactions aux indicateurs économiques.
Le marché boursier semble optimiste, anticipant presque un atterrissage en douceur, compte tenu des bénéfices solides, de l’inflation modérée et du faible risque de récession. En revanche, le marché obligataire laisse entrevoir quelque chose de très différent. Les taux de rendement des obligations du Trésor américain ont considérablement augmenté depuis le début de l’année, ce qui témoigne des préoccupations des investisseurs à l’égard de l’inflation persistante et de l’augmentation du coût du service de la dette nationale américaine. M. Bai entrevoit plusieurs répercussions.
Tout d’abord, la hausse des taux de rendement des obligations du Trésor fait augmenter les coûts d’emprunt de l’État, ce qui soulève des inquiétudes à long terme quant à la viabilité de la politique budgétaire américaine. Cela ajoute un niveau de risque structurel aux perspectives économiques.
Deuxièmement, les taux de rendement élevés reflètent souvent le pessimisme du marché obligataire à l’égard de la croissance et de l’inflation. Ils ont également tendance à détourner les capitaux des actifs à risque, comme les actions, ce qui peut resserrer les conditions financières.
Enfin, des taux de rendement plus élevés pourraient attirer des capitaux étrangers et renforcer le dollar américain. Si cette situation peut sembler positive, elle peut également rendre les exportations américaines moins compétitives et creuser le déficit commercial.
La hausse des taux de rendement à long terme n’est pas un phénomène propre aux États-Unis. M. Bai souligne que ce phénomène est mondial, d’autres grandes économies subissant des pressions similaires sur les taux de rendement pour différentes raisons, comme la hausse des coûts d’importation attribuable aux tarifs douaniers.
Surveiller de près les régions
À court terme, les États-Unis semblent solides, ajoute M. Bai. La croissance du PIB a été plus forte que prévu, les bénéfices des sociétés sont robustes (les données de l’indice S&P 500 laissent entrevoir une croissance des bénéfices d’environ 9 % au cours des 12 prochains mois) et le marché de l’emploi continue de bien se comporter. Toutefois, des risques à plus long terme subsistent. Les tarifs douaniers et les taux d’intérêt élevés pourraient commencer à peser sur les investissements et la productivité. De plus, comme les ratios cours/bénéfice prévisionnels sont proches de leurs sommets historiques, la plupart des bonnes nouvelles pourraient déjà être prises en compte par le marché.
Le Canada se distingue. La Banque du Canada a décidé d’assouplir sa politique monétaire, ce qui contribue à stimuler la croissance et l’inflation. Les valorisations des actions canadiennes sont plus raisonnables que celles des actions américaines, et la croissance des bénéfices devrait être forte, soit d’environ 6,2 % en 2025 et de 11,5 % en 2026.
En Europe, au Royaume-Uni et au Japon, les valorisations sont généralement plus faibles qu’aux États-Unis, ce qui rend ces marchés relativement plus intéressants. Même si les attentes de croissance des bénéfices sont plus modestes à l’extérieur de l’Amérique du Nord, ces régions offrent une protection contre le risque de baisse grâce à leurs prix d’entrée moins élevés. Les récentes données économiques ont également donné un élan positif à l’Union européenne, les indicateurs de croissance ayant présenté des hausses inattendues. Par ailleurs, l’activité est moins forte aux États-Unis et au Canada, ce qui confirme la valeur de la diversification géographique.
Stratégies à prendre en considération par les conseillers
Le point le plus important à retenir du premier semestre de l’année, et le message qui devrait guider les investisseurs jusqu’à la fin de 2025, c’est qu’il demeure essentiel de diversifier ses placements. Dans un contexte où le potentiel de bénéfices et les fondamentaux demeurent solides, M. Bai estime également qu’il est important de conserver ses placements.
« Nous nous attendons à ce que la volatilité persiste jusqu’à la fin de l’année, poursuit M. Bai. Du côté des actions, nous privilégions les secteurs présentant un risque de baisse moindre. »
Il souligne que les marchés haussiers et baissiers offrent des occasions aux gestionnaires actifs qui peuvent opter pour des positions acheteur et vendeur afin de produire un certain rendement supérieur.
Comme les conseillers positionnent les portefeuilles de façon à ce que ces derniers puissent composer avec un contexte de placement caractérisé par l’incertitude, M. Bai leur recommande d’informer leurs clients des stratégies qu’ils ont mises en place pour aider à protéger les actifs.
« Les communications avec les clients devraient mettre l’accent sur les stratégies de résilience, qui consistent notamment à privilégier les actifs de qualité, les sociétés qui versent des dividendes et la diversification mondiale », explique-t-il.
Lorsque les clients comprennent les efforts que déploient les conseillers pour leur offrir la meilleure stabilité possible, ils sont mieux outillés pour faire face aux surprises que le reste de l’année 2025 nous réserve. En sachant que leurs portefeuilles sont bien positionnés pour composer avec l’incertitude, les clients peuvent aborder les nouvelles négatives et positives avec confiance et rigueur, deux qualités essentielles pour ne pas réagir sous le coup de l’émotion et compromettre leurs plans à long terme.
M. Bai donnera des renseignements plus détaillés lors de la webémission de Placements NEI sur les perspectives de mi-année, le 24 juillet 2025, à 13 h (HE). Les conseillers obtiendront des éléments contextuels importants pour leurs conversations avec leurs clients en explorant les faits marquants qui influencent les marchés des placements. Ils pourront également poser des questions et obtenir des réponses en direct.