Category: insight
3 minute(s) de lecture | juin 26, 2025

Les turbulences commerciales font ressortir des occasions à long terme

  • Commentaire
  • Suivi des marchés
Adelaide Chiu, vice-présidente et chef de l’investissement responsable, présente de solides thèses de placement au Canada en dépit des dislocations du marché causées par les changements de politique.

Résumé :

Adelaide Chiu de NEI présente de solides thèses de placement au Canada en dépit des dislocations du marché causées par les changements de politique.

Il y a un mot que les investisseurs aiment utiliser dans des périodes comme celle-ci : distorsion. Lorsque les marchés connaissent des distorsions en raison du stress indu par le contexte (p. ex., tarifs douaniers), cela signifie que les prix des actifs divergent des calculs rationnels ordinaires de leur valeur. L’incertitude et la volatilité sont si élevées qu’elles nivellent le risque et les occasions, ce qui peut avantager les investisseurs actifs qui cherchent à générer de l’alpha.

 

Non seulement le marché fait face à de fortes fluctuations, mais, du point de vue des États-Unis, les enjeux entourant le développement durable sont maintenant empêtrés dans un bourbier politique et législatif. Les pressions exercées par l’administration Trump incitent les sociétés à réduire la publication d’information sur leurs stratégies de décarbonisation pour gérer les risques climatiques importants. L’administration cherche également à empêcher l’utilisation explicite de facteurs non financiers, comme les facteurs environnementaux et sociaux, dans la prise de décisions de placement. Heureusement, les distorsions du marché ont tendance à être de courte durée, mais certaines des répercussions politiques et législatives dans la sphère du développement durable risquent d’être ressenties longtemps et profondément.

 

Après une décision judiciaire à la fin de mai qui a renversé et ensuite rétabli de nombreux tarifs douaniers de l’administration Trump, il est devenu évident que les turbulences commerciales à court terme s’éterniseront. Mais peu importe à quoi ressemble le résultat de la mise en œuvre officielle (ou de l’absence de celle-ci) des tarifs douaniers, une chose est claire : la sécurité énergétique et l’indépendance commerciale à l’égard des États-Unis sont rapidement devenues des préoccupations principales à travers le monde, y compris, et peut-être surtout, pour le Canada. Ailleurs, les pays et les régions qui, comme nous, ont souligné la nécessité de diversifier leurs sources d’énergie comprennent le Japon, la Corée du Sud, la Chine, l’Europe et les États-Unis.

 

Comme toujours, nous nous attendons à ce que les thèses de placement pour certains secteurs de l’économie prennent du galon, tandis que les perspectives pour d’autres secteurs devraient péricliter. Du côté des gagnants, en raison de la nécessité pour le Canada d’élargir ses relations commerciales avec des partenaires outre les États-Unis, nous comptons les infrastructures nationales, le transport et la logistique, qui doivent tous être développés avec hâte pour soutenir l’autosuffisance et tirer parti des occasions de commerce est-ouest. Nous entrevoyons également des avantages connexes pour la main-d’œuvre nationale. Nos perspectives positives à long terme à l’égard de l’énergie nucléaire n’ont pas changé et, en fait, n’ont que grandi avec la hausse rapide de la demande d’énergie dans le secteur des technologies. Nous sommes optimistes à l’égard des minéraux critiques, en particulier le cuivre; les services publics, surtout la distribution et le transport; le stockage d’énergie; le gaz naturel; et les pipelines, surtout s’ils exportent du gaz naturel liquide vers des pays qui cherchent à réduire leur dépendance au charbon.

 

L’unité de l’économie canadienne

En réponse aux défis douaniers américains, le premier ministre Mark Carney a déclaré que son administration va « activement développer des projets d’intérêt national afin de protéger la sécurité énergétique du Canada, diversifier nos échanges commerciaux et renforcer notre compétitivité à long terme, tout en réduisant les émissions ». Le plan du gouvernement pour atteindre cet objectif, même s’il demeure très vague quant à ses particularités, est soutenu par quelques initiatives clés qui comprennent un soutien accru pour les minéraux critiques, des mesures incitatives et accélératrices de projets désignés comme d’intérêt national, la construction d’un réseau électrique est-ouest (un « projet historique de construction nationale ») et l’investissement dans le potentiel énergétique traditionnel et propre du pays afin de réduire la dépendance à l’égard des États-Unis et d’établir des relations avec des « partenaires de confiance ». Rien d’étonnant que le projet de loi visant à donner le coup d’envoi à toutes ces activités, connu comme la Loi sur l’unité de l’économie canadienne (Projet de loi C-5), crée des divisions. Il existe une longue liste de préoccupations et d’avertissements provenant des parties concernées en ce qui a trait aux droits des Autochtones, à l’incidence environnementale, à l’enracinement du secteur de l’énergie conventionnelle, à la possibilité d’intervention excessive du gouvernement, et autres défis. Il est juste de dire que tout le monde s’entend : le gouvernement doit agir rapidement pour encourager et soutenir l’indépendance économique du Canada. Le gros travail nécessaire est que tous les acteurs fassent tout leur possible pour mettre en exécution ces développements d’une manière responsable. Et cela comprend les investisseurs.

 

Au 31 mars, l’un de nos gestionnaires d’impact, qui se concentre sur les titres à revenu fixe canadiens, avait une pondération de près de 70 % en obligations canadiennes appartenant au thème des changements climatiques. Dans le cadre de ce thème, la priorité est accordée au transport propre, à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, les dix principaux placements étant majoritairement émis par des gouvernements fédéral et provinciaux. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a des occasions de placement rentables à saisir pour soutenir la production d’énergie propre au pays, et que si le gouvernement est en mesure de donner suite aux balbutiements de sa stratégie au moyen d’une mise en œuvre responsable, ces occasions devraient s’accroître.

 

Il est également clair que le gouvernement a l’intention d’offrir un soutien partagé entre les énergies renouvelables et les combustibles fossiles traditionnels, en reconnaissant que si nous souhaitons que tout cela se produise relativement rapidement et avec le moins de perturbations économiques possible, les sources d’énergie traditionnelles continueront d’être utilisées et soutenues, quoiqu’avec de nouvelles contraintes à la production et aux émissions. Maintenir l’équilibre ici est essentiel non seulement pour une transition énergétique réussie, mais aussi pour une transition énergétique juste, qui tient compte des besoins économiques et sociaux de tous les détenteurs de droit et toutes les parties prenantes, y compris les travailleurs. L’Association canadienne des producteurs pétroliers affirme que le secteur pétrolier et gazier employait directement environ 150 000 personnes en 2023 et qu’il était responsable de 750 000 autres emplois indirects et induits. L’organisation affirme également que près de 7 % de la main-d’œuvre du secteur s’identifie comme Autochtone, par rapport à 3,9 % en moyenne pour la main-d’œuvre au Canada. En bref, nous entrevoyons des occasions de placement dans les segments de l’énergie renouvelable et traditionnelle, sans pour autant que l’une fasse les frais de l’autre.

 

Occasions liées aux réseaux électriques

L’Agence internationale de l’énergie indique que l’électrification du réseau électrique est un aspect essentiel de la transition vers une économie sobre en carbone. En termes simples, l’électrification consiste à remplacer les technologies et les processus qui fonctionnent avec des combustibles fossiles par des « équivalents électriques ». Par exemple, remplacer une voiture à essence par une voiture à batterie, ou une chaudière à gaz par une thermopompe. L’un de nos gestionnaires de placement considère l’électrification comme l’occasion la plus prometteuse dans le secteur de l’énergie, avec des répercussions ressenties dans de nombreux domaines.

 

Les fabricants américains qui comptent sur des matériaux et des composantes provenant de pays touchés par les tarifs douaniers d’importation seront affectés négativement. De même, si des tarifs douaniers de rétorsion sont en place, comme ils le sont au Canada au moment d’écrire ces lignes, les fabricants nationaux qui importent des matériaux et des composantes des États-Unis en pâtiront. Qui plus est, l’électricité elle-même peut être assujettie à des tarifs douaniers et certaines régions des États-Unis sont d’importants importateurs d’électricité canadienne.

 

Malgré les obstacles pour l’électrification du réseau électrique posés par les turbulences commerciales, nous croyons que le segment et les gouvernements ont suffisamment de dynamisme et de réflexion stratégique à long terme pour soutenir la thèse de placement pendant de nombreuses années. Nos gestionnaires qui ont une expertise dans ce domaine font valoir que les valorisations sont faibles et que l’activité de capital-investissement a été plus élevée qu’il y a un an. Ils entrevoient des occasions pour les sociétés qui œuvrent dans la stabilité et l’efficacité du réseau, ainsi que pour les systèmes de stockage des batteries en vue d’accroître la fiabilité.

 

À titre d’exemple de progrès à cet égard, mentionnons l’installation de stockage d’énergie Oneida en Ontario, qui est entrée en service en mai. Le propriétaire majoritaire, Northland Power, affirme qu’il s’agit de la plus grande installation de stockage d’énergie par batteries à l’échelle du réseau au Canada et l’un des cinq plus importants projets de stockage d’énergie propre au monde. L’installation a été élaborée en partenariat avec la Six Nations of the Grand River Development Corporation et la Mississaugas of the Credit Business Corporation, entre autres.

 

Les minéraux critiques sous les projecteurs

Le premier ministre a explicitement indiqué qu’un soutien accru des minéraux critiques faisait partie de ses plans énergétiques pour le pays et qu’il s’agit aussi d’un élément clé de sa réponse aux tarifs douaniers américains. Dans le but de réduire la dépendance à l’égard des autres pays et de protéger les emplois canadiens, il a proposé un nouveau Fonds du premier et du dernier kilomètre, qui vise à relier l’origine des minéraux critiques, c’est-à-dire par l’exploitation minière, à leurs chaînes d’approvisionnement.

 

Les minéraux critiques comme le cobalt, le lithium, le cuivre, l’aluminium, le titane et le molybdène sont nécessaires pour de nombreux produits liés aux progrès technologiques et à l’énergie propre, y compris l’électronique, les batteries, la production et le transport d’énergie renouvelable, les semi-conducteurs composés et d’autres utilisations. La potasse et le phosphore, des ingrédients importants des engrais, se trouvent également sur la liste des minéraux critiques du Canada. Le gouvernement s’est engagé à accélérer l’exploration et l’extraction à partir du recyclage, et à investir davantage dans les crédits d’impôt. Les États-Unis et l’Europe ont également instauré de nouvelles politiques, ce qui témoigne de la reconnaissance mondiale de la nécessité d’avoir accès à ces ressources pour une plus grande sécurité énergétique.

 

L’uranium est un autre minéral essentiel identifié par le gouvernement, dans lequel le Canada est incontestablement un chef de file mondial depuis des dizaines d’années. Et maintenant que l’énergie nucléaire est de plus en plus reconnue pour offrir un éventail d’avantages par rapport aux combustibles fossiles et aux énergies renouvelables comparables, les occasions à long terme dans le segment semblent plus intéressantes.

 

Une source de demande en forte croissance pour l’énergie nucléraire provient du secteur des technologies, en particulier des grands centres de données qui sont la fondation de l’infonuagique et l’intelligence artificielle. Meta, Amazon Web Services, Google et Microsoft, qui concluent tous des ententes avec des fournisseurs d’énergie nucléaire, sont des acteurs de ce segment en plein essor. Une analyse de la U.S. Energy and Information Administration souligne que le nucléaire est idéal pour ce cas d’utilisation, car les centres de données ont besoin d’une source d’énergie fiable, qui ne faiblit jamais, un rôle que le nucléaire comble particulièrement bien. De plus, les géants technologiques s’efforcent de respecter leurs engagements visant à éliminer leur empreinte carbone, et l’énergie nucléaire ne produit aucune émission directe de carbone. Les ententes conclues par ces sociétés comprennent le redémarrage ou le prolongement de la durée de vie des réacteurs existants et l’investissement dans la construction de nouveaux petits réacteurs modulaires, ou PRM.

 

Pour donner un exemple des devants que pourrait prendre le Canada dans ce domaine, Ontario Power Generation construit le premier PRM en Amérique du Nord à Darlington, en Ontario, un emplacement établi pour la production d’énergie nucléaire existante, et prévoit en construire trois autres sur le site. Le premier réacteur devrait être connecté au réseau d’ici la fin de 2030.

 

Pour ce qui est de NEI, nous continuons de souligner l’importance de l’exploitation minière responsable, alors que la demande mondiale pour ces minéraux critiques augmente. L’exploitation minière responsable est un thème clé de nos engagements cette année, et notre chef de la gestion, Jamie Bonham, siège au conseil d’administration de l’Initiative for Responsible Mining Assurance. La nécessité d’accélérer le processus d’approbation des projets pour mettre les travaux en chantier plus rapidement doit être soigneusement équilibrée avec les commentaires de toutes les parties prenantes, la consultation des détenteurs de droit et leur inclusion, et une gestion prudente des conséquences environnementales. Ce ne sera pas facile, mais c’est notre travail.

 

Continuer de s’attendre à l’inattendu

Au-delà des bouleversements commerciaux et des débats acrimonieux sur la meilleure voie à suivre pour le Canada, il y a aussi le One Big Beautiful Bill Act du président Trump, qui a été adopté par la Chambre des représentants le 22 mai et qui doit maintenant passer par le Sénat. Cette loi retire certaines initiatives axées sur le climat mises en place par l’administration Biden dans son Inflation Reduction Act. Bien sûr, tout est possible, les fluctuations des marchés et les revirements politiques nous en apportent la preuve au quotidien.

 

Si nous voulons saisir les occasions que nous entrevoyons dans ce marché de distorsions pour améliorer les résultats pour nos investisseurs, et ce, d’une manière qui favorise le développement durable à long terme, nous devons être prêts à agir en fonction des renseignements dont nous disposons.

 

Malgré les préoccupations environnementales découlant de la politique américaine et l’incertitude profonde à l’égard du commerce, les données probantes laissent entrevoir un flux prolongé de capitaux dans les projets d’énergie propre. C’est, pour le dire simplement, une bonne affaire, mais nous devons saisir les occasions de façon responsable.

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