Category: insight
2 minute(s) de lecture | mars 11, 2024

D’ambitieux projets touchant le méthane devraient porter leurs fruits

  • Actionnariat actif
  • ESG
Rapport d’étape : Ball

Les progrès en matière de politique climatique semblent souvent terriblement lents et parfois acrimonieux, notamment dans le secteur de l’énergie. L’année 2023 s’est néanmoins terminée par l’annonce de politiques ambitieuses au Canada et aux États-Unis, projets axés sur le seul aspect qui fait globalement consensus quant aux efforts possibles et nécessaires dans le secteur pétrolier et gazier, à savoir les émissions de méthane. Comme nous l’avons déjà mentionné, le méthane est un puissant gaz à effet de serre qui a jusqu’à 80 fois plus d’incidence que le CO2 sur le réchauffement de l’atmosphère1. Or, le secteur pétrolier et gazier est l’une des principales sources d’émissions de méthane en Amérique du Nord. La réduction des émissions de méthane compte toutefois parmi les activités de réduction des GES les plus rentables pour le secteur, à tel point que certaines stratégies de réduction peuvent essentiellement être lucratives. Le méthane est l’un des principaux éléments du gaz naturel, de sorte que chaque molécule de méthane maintenue hors de l’atmosphère a une valeur financière inhérente.

 

Le secteur souligne avec enthousiasme le succès de ses efforts de réduction des émissions de méthane ces dernières années, et les gains sont considérables. Selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers, de 2012 à 2021, les producteurs canadiens de pétrole et de gaz naturel conventionnels ont réduit de 34 % leurs émissions de méthane et de 46 % l’intensité des émissions1. Le Canada et les États-Unis se sont fixé pour objectifs de réduire les émissions de 40 % à 45 % d’ici 2025 et les deux pays semblent en passe d’atteindre ces objectifs – ce qui constituerait une rare victoire sur le front climatique. Poursuivant sur sa lancée, le Canada a établi un objectif de réduction de 75 % pour 2030, et le projet de règlement publié à la fin de l’année dernière vise à maintenir le cap à cet effet.

 

Cela fait longtemps que nous appuyons l’amélioration de la réglementation sur le méthane dans le secteur et nous avons participé à de nombreuses consultations au Canada et aux États-Unis au fil des ans. La nouvelle réglementation proposée sera la plus ambitieuse de toute l’histoire du secteur et nous avons le sentiment qu’elle pourrait fonctionner. Nos arguments sont logiques et éclairés par notre dialogue avec les sociétés énergétiques, à savoir que la réduction du méthane est, de loin, le mode de réduction des émissions le plus économique pour le secteur.

 

De manière générale, les réductions d’émissions de carbone que la science et, de plus en plus souvent, les gouvernements exigent du secteur sont immenses. Elles nécessitent une mise à l’échelle rapide de technologies qui ne sont pas encore bien développées, comme le captage, l’utilisation et le stockage du carbone. Dans l’intervalle, le secteur a déjà fait des pas de géant en matière de réduction du méthane et la voie à suivre pour atteindre l’objectif est clairement tracée, tandis que les coûts sont raisonnables. Selon une étude réalisée en 2023 par Dunsky Energy + Climate Advisors3, pour atteindre l’objectif de réduction de 75 % du méthane dans le secteur pétrolier et gazier au Canada, le coût moyen serait de 11 $ la tonne. Comparativement au coût prévu lorsqu’il s’agit du carbone au Canada en 2030, soit 170 $ la tonne, c’est une bagatelle et le choix

est simple.

 

Il y a toutefois un problème. Et il n’est pas négligeable. Bien que les technologies visant à réduire les émissions de méthane soient fin prêtes, nous ne connaissons pas l’ampleur des émissions du secteur, car les déclarations sont généralement insuffisantes. Une étude réalisée en 2023 sur les émissions en Alberta confirme cette tendance; les chercheurs ont constaté que les émissions réelles étaient 1,5 fois plus élevées que les émissions déclarées, et que les principales sources d’émissions ne cadraient pas avec ce qu’indiquait le secteur3. Le problème réside essentiellement dans le fait que les chiffres du secteur proviennent d’hypothèses comptables – le calcul consiste essentiellement à faire la somme des équipements gérés et à multiplier le tout par des facteurs d’émission standards. Les nombreuses études qui ont contredit les données du secteur reposent sur la mesure directe des émissions. Si cet écart est alarmant – mis à part le fait que nous sous-estimons l’incidence du secteur sur le réchauffement de la planète –, c’est parce que les solutions que met en oeuvre ce dernier pour réduire son empreinte pourraient ne pas être les bonnes tant qu’on ne dispose pas d’une évaluation précise des sources de fuite de méthane. Il s’agirait d’une utilisation inefficace des capitaux qui détournerait dangereusement l’attention des mesures à prendre.

 

La solution consiste à améliorer les mesures et la déclaration du méthane à la source, aspect essentiel de notre engagement auprès des sociétés du secteur depuis des années. C’est là qu’entre en jeu l’initiative Oil and Gas Methane Partnership 2.0 (OGMP 2.0). Issue de la collaboration des Nations Unies, de la société civile et du secteur, elle vise à favoriser l’adoption de pratiques exemplaires en matière de mesure et de gestion du méthane. Les sociétés qui adhèrent à l’initiative OGMP 2.0 s’engagent à faire leur possible pour utiliser des technologies de mesure directe afin de répertorier précisément le méthane et d’atteindre d’ambitieux objectifs de réduction.

 

En 2023, nous nous sommes employés à inciter toutes les sociétés pétrolières et gazières canadiennes de notre portefeuille à adhérer à l’initiative OGMP 2.0 et à élargir leur utilisation de technologies de mesure directe. Nous avons organisé un atelier, rédigé des lettres et rencontré directement 30 sociétés. Plusieurs d’entre elles ont indiqué qu’elles évaluaient la norme et la possibilité d’y adhérer. Plus d’une centaine de sociétés mondiales de premier plan ont beau participer à l’initiative OGMP 2.0, aucune d’entre elles n’est établie au Canada. Nous espérons changer cela en 2024.

 

Il y a un aspect de la proposition du gouvernement sur la réduction des émissions qui concorde avec notre demande à l’égard de l’initiative OGMP 2.0. Le gouvernement a laissé entendre que les installations dotées de technologies de mesure directe et continue pourront faire abstraction de certains éléments du projet de règlement qui exigent des inspections en personne. Ainsi, les sociétés qui appliquent les pratiques exemplaires du secteur (illustrées par l’initiative OGMP 2.0) pourraient obtenir des avantages tangibles par l’entremise d’allègements réglementaires. Tout le monde y gagnerait, à nos yeux, et nous chercherons à encourager les gouvernements et les entreprises à mieux mesurer le méthane afin de générer les avantages considérables sur le plan climatique qui découleront de l’atteinte et du dépassement de nos objectifs nationaux de 75 %.

 

1. https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/les-emissions-de-methane-sont-lorigine-du-changement-climatique-voici

2. https://www.capp.ca/wp-content/uploads/2023/08/FRE-FACT.pdf

3. https://www.edf.org/sites/default/files/2023-07/Canada%20Methane%20Abatement%20Opportunity.pdf  (en anglais)

4. B.M. Conrad, D. R. Tyner, H.Z. Li et coll. A measurement-based upstream oil and gas methane inventory for Alberta, Canada reveals higher emissions and different sources than official estimates. Commun Earth Environ 4, 416 (2023). https://doi.org/10.1038/s43247-023-01081-0

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